La Contribution de l'Organisation des Nations Unies au Développement du Droit International Humanitaire

AuthorDjamchid Momtaz
PositionProfesseur à l'Université de Téhéran. Membre de l'Institut de droit international.
Pages49-67
La Contribution de l’Organisation des Nations Unies au Développement
du Droit International Humanitaire
49
La Contribution de l’Organisation des Nations Unies au
Développement du Droit International Humanitaire
DJAMCHID MOMTAZ1
Résumé
Depuis que l’Organisation des Nations Unies a inclus le droit international
humanitaire dans sa sphère de compétence, ce corpus de droit a connu un
développement sans précédent. Il est désormais acquis que les parties à un conit
armé doivent respecter les règles fondamentales du droit international des droits de
l’homme indépendamment de la nature juridique des territoires qu’elles contrôlent. En
se fondant sur les prérogatives que la Charte lui reconnait dans le cadre du chapitre VII,
le Conseil de sécurité s’est engagé à recourir le cas échéant à des mesures coercitives
pour assurer le respect du droit international humanitaire en vue de garantir la paix
et la sécurité internationale. Ces prérogatives lui ont également permis de créer des
tribunaux pénaux internationaux ad hoc en vue de réprimer les violations du droit
international humanitaire, les statuts et la jurisprudence de ces tribunaux ayant à leur
tour favorisé la criminalisation des violations graves du droit international humanitaire
commises lors de conits armés non internationaux.
Abstract
Since the UnitedNations has included international humanitarian law in its sphere
of competence, this body of law has experienced an unprecedented development. It
is now assumed that the parties to an armed conict must respect the fundamental
rules of international human rights law regardless of the legal nature of the territories
they control. In the context of Chapter VII, based on the Charter prerogatives given to
the Security Council, it committed itself to use appropriate enforcement measures to
ensure respect for international humanitarian law in order to guarantee the peace and
international security. These prerogatives also allowed it to create ad hoc international
criminal tribunals to punish violations of international humanitarian law,the statutes and
jurisprudence of these courts have encouraged the criminalization of serious violations
of international humanitarian law committed during non-international armed conicts.
cd
Traiter de la contribution de l’Organisation des Nations Unies au développement
du droit international humanitaire relève a priori d’un certain illogisme. En effet, ce
corpus de droit, contrairement à celui des droits de l’homme, ne relève pas de la sphère
1Professeur à l’Université de Téhéran. Membre de l’Institut de droit international.
50 VANUÁRIO BRASILEIRO DE DIREITO INTERNACIONAL | V. 1
de compétence de l’Organisation, dont lamission fondamentale est de préserver et de
rétablir la paix. Se préoccuper des règles applicables lors d’un conit armé pourrait
dès lors paraitre en contradiction avec l’esprit et la lettre de la Charte des Nations
Unies qui bannit la guerre.
C’est l’argument qui a prévalu pour refuser d’inclure dans la liste de sujets à
codier par la Commission du droit international nouvellement créée le droit de la
guerre, plus communément appelédroit international humanitaire. On s’accorda pour
estimer que s’engager dans cette voie «pourrait être interprété comme un manque de
conance dans l’Organisation des Nations Unies et dans l’œuvre de paix que celle-
ci est appelée à accomplir»2. Cependant, la Commission n’exclut pas pour autant
l’éventualité d’envisager le développement de ce droit par le biais de la répression des
infractions commises lors des conits armés3. C’est ainsi que la mission de préparer
un projet de code des crimes contre la paix et la sécurité de l’humanité lui a été conée
par l’Assemblée générale des Nations Unies4.
La Conférence de Téhéran, réunie en 1968 à l’occasion du 20ème anniversaire de
l’adoption de la Déclaration universelle des droits de l’homme, constitua véritablement
lepoint dedépart del’intérêtporté parl’Organisation audroit international humanitaire5,
intérêt justié par l’insufsance des règles protectrices qu’il offre à la population civile
lors des guerres de libération nationale dont la nature internationale leur était déniée.
Le Secrétaire général des Nations Unies, dans les rapports qu’il a soumis à la demande
de la Conférence ainsi que de l’Assemblée générale des Nations Unies, parvient à
cette conclusion que cette protection pourrait être renforcée par l’extension du champ
d’application tant des droits de l’homme que du droit international humanitaire à ces
conits armés et d’en assurer le respect. C’est désormais sur la base de cette extension
acquise que les principaux organes des Nations Unies s’efforcent de mettre en œuvre
les dispositions protectrices de ces deux corpus de droit lors des conits armés. Il en
va de même s’agissant des initiatives prises par ces mêmes organes pour réprimer
leurs violations graves.
IL’Extension du Champ d’Application des Droits de l’Homme et du Droit
International Humanitaire
Les deux rapports présentés par le Secrétaire général à la demande de la Conférence
de Téhéran6ainsi que la résolution adoptée par l’Assemblée générale avant même
2Intervention de J.L. Brierly devant laCommission du droit internationalle 21 avril 1949A/CN.4/SR.6p. 14.
3Intervention de G. Scelle devant la Commission du droit internationalIbid.p. 17.
4Rés. 177 II du 21 novembre 1947 intitulée «Formulation des principes reconnus par le statut de la Cour de
Nuremberg et dans les arrêts de cette Cour».
5Conférence internationale sur les droits de l’homme, réunie du 12 mai au 22 avril 1968 sous l’égide de
l’Organisation des Nations Unies.
6A/7720 – 20 novembre 1969.
A/8052 – 18 septembre 1970.

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