Prekariat i nowa walka klas [Le précariat et la nouvelle lutte des classes]. Par Jarosław URBAŃSKI

Published date01 March 2016
AuthorPiotr Żuk
Date01 March 2016
DOIhttp://doi.org/10.1111/ilrf.12008
Revue internationale du Travail182
véritablement la protection des travailleurs parties à une relation de travail, même en
l’absence de nouvelles politiques sociales, et sans avoir à obtenir d’appui politique par-
ticulier. Alors que tous les systèmes juridiques nationaux restent fondés sur l’idée que
certains travailleurs doivent bénécier d’une protection découlant de la notion juridique
de relation de travail, l’analyse de l’auteur semble propre à alimenter la réexion au-delà
du contexte britannique. En outre, chacun conviendra que la démarche préconisée, si
elle peut engendrer certaines difcultés d’application, est certainement plus simple que
beaucoup d’autres, et plus facile à maintenir sur la durée. En ce sens, il semble possible
de s’inspirer du raisonnement et des arguments de l’auteur pour d’autres réexions dé-
passant le seul cadre du droit, britannique ou autre, dans lequel cette analyse est pour-
tant si fermement ancrée.
Colin Fenwick
Chef de l’Unité du droit du travail et de la réforme,
Département de la gouvernance et du tripartisme
Prekariat i nowa walka klas [Le précariat et la nouvelle lutte des classes]7.
Par Jarosław URBAŃSKI. Varsovie, Instytut Wydawniczy Książka i Prasa, 2014.
274 pp. ISBN 978-83-62744-54-1.
Dans les pays d’Europe centrale et orientale, les profondes mutations du début
des années 1990 n’ont pas eu que des conséquences politiques; elles ont aussi profondé-
ment modié la structure de l’économie et du marché du travail. En Pologne, en 1990,
52pour cent des actifs occupés travaillaient pour le secteur public et plus de 47pour
cent pour le secteur privé; n 2013, ces chiffres étaient passés à 23,7 et 76,3pour cent,
respectivement8. En outre, plus les réformes structurelles et les plans de privatisation
ont été poussés, plus le mouvement syndical s’en est trouvé affaibli. Retranché dans ses
derniers bastions, il n’est plus présent que dans les établissements industriels, dans la
santé publique ou encore dans l’éducation, des secteurs généralement associés au ser-
vice public. En mars 2015, le taux de syndicalisation n’était plus que de 6pour cent pour
l’ensemble des actifs et de 11pour cent pour les salariés. Dans le secteur privé, ce taux
est encore inférieur, beaucoup d’établissements ne comptant plus aucune représentation
syndicale. Il n’est pas étonnant que la société polonaise demande aujourd’hui, avec une
véhémence croissante, des syndicats forts9.
L’emploi semble toujours plus incertain en effet, et l’un des nombreux facteurs
qui contribuent à ce sentiment est la précarisation du travail. C’est là le thème de l’ouvrage
de Jarosław Urbański, qui s’y exprime à la fois en tant que sociologue engagé et en tant
que militant du nouveau syndicat «Initiative des travailleurs». L’auteur complète ainsi sa
réexion sociologique par une profusion d’informations factuelles et empiriques tirées
de son expérience de syndicaliste, parfois aux dépens de la clarté de l’argumentation.
7 Note du rédacteur: nous publions cette critique d’un livre disponible en polonais seulement parce que
celui-ci s’inscrit dans la droite ligne d’un ouvrage précédent de Guy Standing, paru sous le titre The precariat:
The new dangerous class [Le précariat, la nouvelle classe dangereuse] (Londres, Bloomsbury, 2011). Il nous a
semblé en effet que cette nouvelle parution montrait bien l’inuence grandissante des notions introduites dans
cet ouvrage antérieur.
8 Ces données sont tirées d’un rapport établi par le Bureau central de statistique polonais (Pologne
1989-2014).
9 C’est ce qui ressort notamment d’un rapport que le Public Opinion Research Centre a consacré en
mai 2015 aux opinions sur les syndicats de mineurs et leurs revendications.

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