Un nouvel elan dans les relations euro-mediterraneennes

AuthorAntonio Blanc Altemir - Bénédicte Real
PositionAntonio Blanc Altemir est Professeur agrégé (Catedrático) du Droit international public et directeur de la Chaire et du Centre d´excellence européenne Jean Monnet. Université de Lleida (Espagne); Bénédicte Real est Professeure de Droit au Centre Universitaire de la Défense à Saragosse (Espagne).
Pages33-52
UN NOUVEL ELAN DANS LES RELATIONS EURO-
MEDITERRANEENNES
antonio blanc alteMir
bénédicte real1
I.- UN NECESSAIRE RENOUVEAU QUI SURMONTE LA STAGNATION
DES RELATIONS EURO-MEDITERRANEENNES. II.- LES VALEURS
DEMOCRATIQUES ET LE RESPECT EFFECTIF DES DROITS DE
L’HOMME ET DES LIBERTES FONDAMENTALES COMME AXES DE
LA NOUVELLE APPROCHE. III.- LA CROISSANCE ECONOMIQUE
COMME BASE DE LA STABILITE ET DU DEVELOPPEMENT
PARTAGE. IV.- LE ROLE NOTOIRE DE LA SOCIETE CIVILE ET DES
RELATIONS INTERCULTURELLES. V. LE DEVELOPPEMENT DE LA
COOPERATION SECTORIELLE. VI.- LA NECESSITE D’UN NOUVEAU
CADRE FINANCIER EN ACCORD AVEC LES DEFIS ACTUELS. VII.-
CONCLUSIONS.
UN NOUVEL ELAN DANS LES RELATIONS EURO-MEDITERRANEENNES
RÉSUMÉ : Le sursaut démocratique des pays du bassin sud méditerranéen, à partir de la n 2010,
a surpris la Communauté internationale, et en particulier l’Union Européenne (UE) qui pourtant,
depuis de nombreuses années, multipliait les instruments de coopération avec cette région. Ce travail
traite de la nouvelle approche que prétend mettre en place l’UE, pour surmonter les difcultés
jusqu’alors rencontrées et faire cesser les critiques qu’elle recevait, à travers d’une Politique de
voisinage modiée et renforcée.
MOTS CLÉS: Politique euroméditerranéenne; Politique de voisinage; printemps arabe ; pays sud
méditerranéens; réforme démocratique; droits de l’Homme.
UN NUEVO IMPULSO A LAS RELACIONES EUROMEDITERRÁNEAS
RESUMEN: El despertar democrático de los países de la ribera sur del Mediterráneo a partir de
nales de 2010, sorprendió la comunidad internacional y en particular la Unión Europea (UE), a
pesar de que ésta multiplicaba los instrumentos de cooperación con dicha región desde hacía décadas.
Este trabajo trata del nuevo enfoque que pretende poner en marcha la UE con el n de superar las
dicultades hasta ahora encontradas y poner n a las críticas recibidas gracias a una Política de
Vecindad modicada y reforzada.
PALABRAS CLAVE: Política euromediterránea, Política de vecindad; primavera árabe; países
mediterráneos; reforma democrática; derechos humanos.
A NEW IMPULSE TO THE EURO-MEDITERRANEAN RELATIONS
ABSTRACT: The awakening of democracy in the South Mediterranean countries, since the end of
2010, caught by surprise the International Community, and particularly, the European Union (EU),
even though it had been developing many cooperation instruments towards this area. This article
deals with the new approach that the EU expects to apply in order to overcome the difculties that
1 Antonio Blanc Altemir est Professeur agrégé (Catedrático) du Droit international public et directeur de la
Chaire et du Centre d´excellence européenne Jean Monnet. Université de Lleida (Espagne); Bénédicte Real est
Professeure de Droit au Centre Universitaire de la Défense à Saragosse (Espagne).
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Paix et Securité Internationales
Núm 1, enero-diciembre 2013
DOI: http://dx.doi.org/10.25267/Paix_secur_int.2013.i1.03
it had been confronting, and also to stop the suffered criticisms through the strengthening of its
Neighborhood Policy.
KEY WORDS: Euro-Mediterranean Policy; European Neighborhood Policy; Arab Spring; South
Mediterranean Countries; Democratic Reform; Human Rights.
I. UN NECESSAIRE RENOUVEAU QUI SURMONTE LA STAGNATION DES RELATIONS
EURO-MEDITERRANEENNES
Le réveil démocratique du monde arabe a surpris l’Union européenne (UE), qui, pendant
des années avait soutenu les autocraties des rives du sud et de l’est de la Méditerranée, avec la
conviction que, non seulement, cela aiderait à la stabilité et contrôlerait les ux mig ratoires,
mais également serait un rempart contre l’islamisme2. Les révoltes arabes ont démontré
que cette politique était erronée. Qui plus est, elle ignorait systématiquement la dissidence
démocratique, minoritaire mais combative dont les preuves d’existence étaient incontestables,
non seulement en Tunisie, mais également dans d’autres pays comme l’Egypte, le Maroc ou
l’Algérie.
La capacité de réaction des institutions européennes et des gouvernements des Etats
membres fut rapidement dépassée par les évènements qui ont d’abord eu lieu en Tunisie, puis
dans d’autres pays de la Méditerranée méridionale, comme au Maroc ou en Algérie. Face à ces
révoltes arabes qui s’étendaient, tel de l’huile, à toute la région, la réaction de l’UE fut lente3,
tardive, et dans certains cas sans coordination. Cela se devait principalement aux liens étroits
qui existaient entre les régimes autoritaires et les gouvernements européens, liens sur lesquels
se basait le discours de l’UE.
Même si ce manque de réaction de l’UE peut être critiquable, il ne faut néanmoins
pas considérer cela comme un des facteurs à prendre en compte pour comprendre l’actuel
enlisement des relations euro-méditerranéennes. En effet, lesdites relations ont été régies
par un dirigiste européen, parfois paternaliste, qui a créé, non seulement de nombreux rejets
des partenaires du Sud, mais aussi une certaine schizophrénie tactique de l’UE an rendre
compatible un discours ofciel de soutien aux valeurs démocratiques et au respect des Droits
de l’homme avec des alliances très fortes avec les autocraties du Sud.
Il est évident que le prétexte de créer un mur de contention contre l’islamisme radical
2 Comme l’afrme Ignacio Ramonet, il s’agit du même argument cynique que l’Occident utilisa pendant
la guerre froide pour soutenir les dictatures en Europe et en Amérique latine, avec la prétention de freiner
l’expansion du communisme. RAMONET, I., «Túnez, Egipto, Marruecos, esas dictaduras enemigas», Le Monde
Diplomatique en español, Disponible à l’adresse .
3 Il ne faut cependant pas ignorer une série de mesures d’urgence adoptées par l’UE an d’affronter les
évènements qui avaient lieu au nord de l’Afrique. La Commission a eu recours à 30 millions d’Euros pour l’aide
humanitaire pour affronter les besoins les plus urgents en la matière en Lybie, ainsi que pour traiter la question
des personnes déplacées aux frontières tunisiennes et égyptiennes en particulier en matière d’assistance médicale
et alimentaire. De même, le Centre de Situation du Service européen d’action extérieure, et le mécanisme de
protection civile de la UE, intervinrent –à travers l’établissement d’un pont aérien et maritime et l’aide de l’Etat
Majeur de l’UE- avec l’objectif de faciliter l’évacuation des citoyens de l’UE présents dans ces pays. Finalement,
et en plus de la mise en route de l’opération conjointe de Frontex HERMES 2011 composée d’experts
et de personnel de plusieurs pays membres, 17 millions d’euros furent destinés à la Tunisie an de soutenir
immédiatement la transition démocratique. Des mesures similaires furent adoptées pour l’Egypte.
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Paix et Securité Internationales
Núm. 1, enero-diciembre 2013
UN NOUVEL ÉLAN DANS LES RELATIONS EURO-MEDITERRÁNÉENNES

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