L'inadéquation horizontale et verticale entre compétences et emploi selon le pays et le domaine d'études

Published date01 March 2017
AuthorSana SELLAMI,Rolf van der VELDEN,Dieter VERHAEST
Date01 March 2017
DOIhttp://doi.org/10.1111/ilrf.12043
Revue internationale du Travail, vol. 156 (2017), no 1
Droits réservés © auteurs, 2017.
Compilation et traduction des articles © Organisation internationale du Travail, 2017.
* KU Leuven et Université de Gand; dieter.verhaest@kuleuven.be. ** KU Leuven et
Université d’Anvers; sana.sellami@kuleuven.be. *** Université de Maastricht; r.vandervelden@
maastrichtuniversity.nl. Les auteurs remercient Piet Coppieters, Heidi Knipprath, Karel Neels,
Walter Nonneman, Walter Van Trier, Mark Visser et les participants au séminaire de l’European
Network on Transitions in Youth (Nimègue, 2012) et à la Dag van de Sociologie (Nimègue, 2013) de
leurs remarques et suggestions fort utiles sur des versions précédentes de leur article. Les travaux
qu’ils y présentent ont été nancés par le gouvernement amand dans le cadre du Policy Research
Centre for Study and School Careers.
Les articles paraissant dans la Revue internationale du Travail n’engagent que leurs auteurs,
et leur publication ne signie pas que le BIT souscrit aux opinions qui y sont exprimées.
L’inadéquation horizontale
et verticale entre compétences et emploi
selon le pays et le domaine d’études
Dieter VERHAEST*, Sana SELLAMI** et Rolf van der VELDEN***
Résumé: Les auteurs analysent les écarts dans les taux d’inadéquation entre com-
pétences et emploi selon le pays et la discipline à partir de données sur l’insertion
des jeunes diplômés en Europe et au Japon. S’agissant des pays, l’inadéquation
«horizontale» (mauvaise spécialisation) diminue en cas de forte protection de l’em-
ploi, d’assurance chômage généreuse et de système éducatif sélectif; l’inadéquation
«verticale» (surqualication) dépend principalement des déséquilibres du marché
du travail; et l’inadéquation «complète» (cumulative), sensible à toutes ces va-
riables, est liée positivement avec la couverture de la négociation collective. Quant
aux écarts entre disciplines, ils dépendent des caractéristiques de l’enseignement et
des déséquilibres sur le marché du travail.
La question de l’appariement entre formation et emploi a été largement
traitée dans la littérature, généralement sous l’angle des problèmes de
surqualication, c’est-à-dire d’une inadéquation «verticale» (Groot et Maassen
van den Brink, 2000; McGuinness, 2006). Depuis quelque temps pourtant, cer-
tains auteurs commencent à s’intéresser aussi à l’inadéquation dite «horizon-
tale», soit celle qui survient lorsque le domaine de spécialisation du diplômé
ne correspond pas au contenu du poste (Wolbers, 2003; Robst, 2007). L’essen-
tiel des études sur de tels défauts d’appariement se concentrent sur la question
de leur effet et établissent en général qu’ils abaissent le salaire et nuisent à
l’épanouissement professionnel (Hartog, 200 0; Allen et van der Velden, 2001).
Beaucoup montrent aussi que la fréquence de ces situations varie notablement
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d’un individu à l’autre et qu’elle uctue aussi en fonction du segment du mar-
ché du travail, de la discipline et du pays.
À l’échelon microéconomique, les études expliquent les écarts ainsi
constatés par plusieurs facteurs, notamment la qualité du capital humain, les
obstacles à la recherche d’emploi et la discrimination (McGuinness, 2006).
À un niveau plus général, les auteurs incriminent fréquemment un déséqui-
libre entre offre et demande. À l’échelon macroéconomique, le développement
considérable de l’enseignement supérieur observé dans de nombreux pays est
souvent mis en avant. À un échelon intermédiaire, le fait que les études de
lettres conduisent davantage à des situations d’inadéquation que les lières
techniques tend à montrer que les étudiants ne se dirigent pas toujours vers
les disciplines les plus demandées sous l’effet de l’évolution technologique.
Cependant, des travaux complémentaires sont encore nécessaires pour déter-
miner si de tels déséquilibres expliquent véritablement les écarts dans les taux
d’inadéquation à un niveau plus global.
Des études encore rares mais toujours plus nombreuses commencent à
aborder la question de la surqualication dans une perspective comparative
internationale. Dans l’une des toutes premières, Groot et Maassen van den
Brink (2000) tentent d’expliquer les phénomènes de surqualication à l’éche-
lon macro par une méta-analyse; ils concluent que leur fréquence est corrélée
positivement à l’augmentation de la population active. De son côté, Di Pietro
(2002) utilise des données d’un panel de pays européens pour montrer que
les différences dans le niveau de surqualication entre les pays dépendent du
niveau et du type de formation au sein de la population active, de la rigueur
de la législation sur la protection de l’emploi (LPE) et des montants investis
dans la recherche et le développement.
Plus récemment, Verhaest et van der Velden (2013) ont analysé le taux de
surqualication parmi les jeunes diplômés du supérieur en Europe en fonction
du pays et du domaine d’études, parvenant à la conclusion que la dynamique
de l’offre et de la demande sur le marché du travail ainsi que l’environnement
institutionnel jouent un rôle sur les écarts en la matière. Pour commencer, ils
prouvent que les déséquilibres structurels entre demande et offre de main-
d’œuvre qualiée ont un effet sur le taux de surqualication des diplômés à
l’échelon des pays. L’offre de travailleurs bien formés n’est pas déterminante
en tant que telle, ce qui tend à montrer que l’offre crée sa propre demande. En
outre, la conjoncture au moment de l’arrivée sur le marché du travail semble
aussi jouer un rôle. En ce qui concerne le rôle de l’enseignement lui-même,
Verhaest et van der Velden montrent que ce n’est pas seulement l’orientation
du cursus (généraliste ou spécialisé) qui contribue à expliquer les différences
d’un pays et d’une discipline à l’autre, mais aussi son niveau de qualité et son
caractère plus ou moins sélectif. Enn, en ce qui concerne les institutions du
marché du travail, ces auteurs ne trouvent aucun élément attestant un effet
de la LPE sur la surqualication. Croce et Ghignoni (2012) parviennent à des
résultats similaires sur le rôle des déséquilibres structurels, de la conjoncture
et de la LPE dans une étude reposant sur des données relatives à l’ensemble

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