L'effet de la qualification globale sur les rendements de la suréducation et de la sous‐éducation: résultats pour la Malaisie

DOIhttp://doi.org/10.1111/ilrf.12134
Date01 September 2019
AuthorChung‐Khain WYE,Rahmah ISMAIL
Published date01 September 2019
Revue internationale du Travail, vol. 158 (2019), no 3
Droits réservés © auteur(s), 2019.
Compilation et traduction des articles © Organisation internationale du Travail, 2019.
* Center of Value Creation and Human Well-being (INSAN), Faculté de sciences éco-
nomiques et de gestion, Universiti Kebangsaan Malaysia; wyeck@ukm.edu.my. ** Faculté de
sciences économiques et de gestion, Universiti Kebangsaan Malaysia; rahisismail@gmail.com.
Les auteurs remercient le ministère de l’Enseignement supérieur de Malaisie, qui a contribué
au nancement de cette étude (réf. FRGS/1/2014/SS07/UKM/01/2).
Les articles paraissant dans la Revue internationale du Travail n’engagent que leurs auteurs,
et leur publication ne signie pas que le BIT souscrit aux opinions qui y sont exprimées.
L’effet de la qualication globale
sur les rendements de la suréducation
et de la sous-éducation:
résultats pour la Malaisie
Chung-Khain WYE* et Rahmah ISMAIL**
Résumé. En Malaisie, l’offre d’emplois qualiés ne suft pas à absorber l’afux de
diplômés du supérieur, une situation qui pourrait renforcer la prime salariale des
travailleurs surdiplômés et réduire la pénalité salariale des sous-diplômés. Dans ce
contexte, les auteurs s’intéressent à l’effet des compétences au sens large (la «quali-
cation globale») sur ces distorsions, en exploitant des données d’enquête recueillies
en 2015 en Malaisie péninsulaire. L’analyse montre que la détention de certaines
compétences limite les pénalités induites par les défauts d’appariement sous l’angle
du niveau de diplôme. Les établissements de formation et les entreprises auraient
donc intérêt à promouvoir l’acquisition de capacités spéciquement liées à l’emploi.
Dans le cadre de son programme de développement, la Malaisie a lancé
une stratégie de formation qui doit lui permettre de disposer de la
main-d’œuvre bien formée et compétente dont elle a besoin pour se hisser
comme elle en a le projet dans le groupe des pays à revenu élevé. Au début
des années 1990, l’accès à l’enseignement secondaire s’est démocratisé, notam-
ment au niveau du deuxième cycle, donnant aux Malaisiens la possibilité d’éle-
ver leur niveau de diplôme. Des études ont montré que l’investissement dans
le capital humain, par la formation de base et le perfectionnement en cours
d’emploi, est le meilleur moyen de constituer un vivier de travailleurs quali-
és et compétents. En Malaisie, la proportion de la population active ayant
atteint le premier et le deuxième cycle du secondaire est passée de 20,16 et
2,20 pour cent, respectivement, en 1990, à 36,66 et 2,91 pour cent, respecti-
vement, en 2015 (Department of Statistics Malaysia, 2016a). Cependant, Sua
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(2012) indique que la réforme de l’éducation et la massication de l’ensei-
gnement secondaire qui en a découlé ont nui à la qualité de la formation et à
l’insertion des jeunes sur le marché du travail dans le pays.
L’accès à l’enseignement supérieur s’est lui aussi démocratisé, dans un
contexte marqué par une hausse de la demande de diplômés du troisième
cycle. Différentes initiatives, y compris des programmes d’échange avec des
établissements à l’étranger, ont contribué au développement des études su-
périeures. Ces possibilités n’ont pas d’incidence majeure sur l’insertion sur le
marché du travail, mais elles encouragent certainement les jeunes Malaisiens
à poursuivre leurs études, la détention d’un titre du troisième cycle étant de
nature à faciliter l’accès à l’emploi dans le contexte national (Koda et Yuki,
2013). Ainsi, la proportion des actifs occupés qui ont décroché un titre univer-
sitaire est passée de 2,48pour cent en 1990 à 11,94pour cent en 2015 (Depart-
ment of Statistics Malaysia, 2016a).
Cependant, l’emploi qualié n’a pas évolué sur le même rythme que les
niveaux de diplôme. Pendant la période couverte par le dixième plan quin-
quennal (2011-2015), la part des emplois semi-qualiés est passée de 61 à
62 pour cent, et celle des emplois qualiés de 27,6 à 25,2pour cent. Entre
2010 et 2014, l’économie malaisienne a créé 121 000nouveaux postes de tra-
vail qualiés seulement, alors que 245 000 nouveaux diplômés du supérieur
afuaient vers le marché du travail pour la seule année 2013. En conséquence,
553 4 00 personnes ayant atteint le niveau préuniversitaire occupaient un em-
ploi semi-qualié cette même année. Yunus et Hamid (2016) signalent éga-
lement des phénomènes de suréducation chez les détenteurs de diplômes
universitaires, pour qui le rendement privé de l’éducation est supérieur, mais
qui occupent aussi des emplois semi-qualiés sans rapport avec leur niveau de
diplôme. Dans son onzième plan quinquennal (2016-2020), la Malaisie table
sur une progression de la part de l’emploi qualié de 28à 35pour cent entre
2015 et 2020 . Le problème posé par l’écart entre l’offre et la demande de main-
d’œuvre qualiée se pose toujours avec la même acuité (Economic Planning
Unit, 2015).
Les nouvelles générations de diplômés du supérieur alimentent un réser-
voir de main-d’œuvre dans lequel les employeurs peuvent puiser librement.
Toutefois, les postes qualiés disponibles sur le marché ne correspondent pas
forcément à l’offre, tant sur le plan quantitatif que sur le plan qualitatif. Bon
nombre de diplômés du troisième cycle sont donc susceptibles d’accepter des
postes exigeant un niveau de formation inférieur au leur, ce qui multiplie les
situations de suréducation. Ces diplômés devront attendre d’avoir accumulé
de l’expérience pour grimper dans l’échelle des qualications et accéder aux
postes de cadres et de dirigeants, aux professions intellectuelles ou scientiques
et aux professions intermédiaires. Les déséquilibres entre l’offre et la demande
de prols qualiés ont poussé les chercheurs à s’intéresser aux phénomènes
de suréducation au début du parcours d’insertion.
Alors que la concurrence pour l’emploi est intense sur le marché du
travail, et parce qu’ils craignent que leurs compétences ne se déprécient avec

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