Heteromation, and other stories of computing and capitalism, Hamid R. EKBIA et Bonnie A. NARDI

AuthorJanine BERG
DOIhttp://doi.org/10.1111/ilrf.12071
Date01 December 2017
Published date01 December 2017
Revue internationale du Travail, vol. 156 (2017), no 3-4
Copyright © Organisation internationale du Travail 2017.
Compilation et traduction des articles © Organisation internationale du Travail 2017.
LIVRES
Heteromation, and other stories of computing and capitalism,
Hamid R. EKBIA et Bonnie A. NARDI, Cambridge (États-Unis), MIT Press, 2017,
xiv + 280 pages, ISBN 978-0262036252.
En mai 2015, aux États-Unis, Gabriela Rojas-Lozano intentait une action collec-
tive contre Google, à qui elle reprochait d’exploiter l’activité des internautes en détour-
nant le système «reCAPTCHA», utilisé en principe pour vérier que l’utilisateur est
bien une personne et pas un robot. La plaignante relevait qu’après avoir reconnu une
première image, test effectivement destiné à des ns de sécurité, l’utilisateur devait en
reconnaître une seconde, dans une opération uniquement destinée cette fois à alimen-
ter Google Maps et d’autres applications, c’est-à-dire à servir les intérêts commerciaux
de Google. MmeRojas-Lozano accusait aussi Google de ne pas informer ses utilisateurs
de cette exploitation de leur temps et de leurs efforts1. Auparavant, des commentateurs
de Yelp avaient déjà saisi les tribunaux d’une plainte analogue, toujours aux États-Unis,
afrmant qu’ils avaient le droit d’être rémunérés au salaire minimum pour le temps qu’ils
consacraient à rédiger des évaluations.
Dans tous ces cas, les tribunaux ont débouté les plaignants2. S’agissant du recours
collectif contre Google, le juge a considéré que le préjudice, «s’il en existait un», était
compensé par les avantages que l’utilisateur tirait de la messagerie gratuite et des ser-
vices d’information de Google3. Les intéressés étaient-ils fondés à demander salaire pour
la contribution qu’ils apportaient aux sites? Devaient-ils être assimilés dans cette affaire
à des travailleurs, assujettis à une nouvelle forme d’exploitation capitaliste?
Dans Heteromation, and other stories of computing and capitalism, Hamid Ekbia
et Bonnie Nardi soutiennent que, par nos activités sur le Net – donner un avis sur des
restaurants, poster des photos sur les réseaux sociaux, publier un prol professionnel sur
LinkedIn ou envoyer des courriels depuis une messagerie Google –, nous produisons une
valeur dont protent les grandes sociétés qui dominent la Toile et dont nous ne retirons
pratiquement aucun avantage. Pour désigner cette «extraction de valeur économique
d’un travail bon marché ou gratuit sur les réseaux informatiques», les auteurs forment
le néologisme heteromation (soit «hétéromatisation» en français) à partir du terme «hé-
téronomie», qui s’entend d’un état de sujétion ou d’un défaut d’autodétermination, en
d’autres mots, d’une absence d’autonomie.
Les auteurs de l’ouvrage sont des spécialistes de l’interaction homme-machine
(IHM). Cette discipline, étudiée dans les facultés d’informatique, apparaît au début des
1 Rojas-Lozano c . Google, Inc., 15-cv-10160-MGM (Tribunal d’instance du Massachusetts, 22 janvier
2015).
2 Miriam A. Cherry: «Beyond misclassication: The digital transformation of work», Comparative Labor
Law and Policy Journal, vol.37 (2016), no3, pp.577-602.
3 Rojas-Lozano c . Google, Inc., 15-cv-03751 (N.D. Cal. 3 février 2016).

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