Déterminants de l'écart entre chômages masculin et féminin en Italie et au Royaume‐Uni: une analyse comparative

AuthorChiara MUSSIDA,Matthew PENFOLD,Jamie JENKINS,Maurizio BAUSSOLA
DOIhttp://doi.org/10.1111/j.1564-9121.2015.00269.x
Date01 December 2015
Published date01 December 2015
Revue internationale du Travail, vol. 154 (2015), no 4
Copyright © Auteur(s) 2015
Compilation et traduction des articles © Organisation internationale du Travail 2015
* Département de sciences économiques et sociales, Università Cattolica del Sacro
Cuore, Plaisance (Italie), courriels: maurizio.baussola@unicatt.it et chiara.mussida@unicatt.it.
** Ofce for National Statistics (ONS), Londres, courriels: jamie.jenkins@ons.gsi.gov.uk et
matthew.penfold@ons.gsi.gov.uk.
Les articles paraissant dans la RIT, de même que les désignations territoriales utilisées,
n’engagent que les auteurs, et leur publication ne signie pas que le BIT souscrit aux opinions
qui y sont exprimées.
Déterminants de l’écart
entre chômages masculin et féminin
en Italie et au Royaume-Uni:
une analyse comparative
Maurizio BAUSSOLA*, Chiara MUSSIDA*, Jamie JENKINS**
et Matthew PENFOLD**
Résumé. Les auteurs examinent l’écart entre chômages masculin et féminin en
Italie et au Royaume-Uni en analysant les déterminants des ux sur le marché du
travail au moyen d’un modèle logit multinomial. En outre, ils évaluent la contri-
bution à cet écart des transitions entre emploi, chômage et inactivité, dans une
perspective comparative, à partir de données issues des enquêtes sur la population
active italienne et britannique pour la période 200 4-2013 . La décomposition de
cet écart à l’aide d’une matrice de probabilités de transition fait apparaître que ce
sont les femmes qui sont défavorisées sur le marché du travail en Italie mais que
c’est l’inverse qui prévaut au Royaume-Uni.
La forte hausse des taux de chômage associée au ralentissement écono-
mique qui a suivi la crise de 2008 incite les chercheurs et les responsables
de l’élaboration des politiques à se pencher sur plusieurs questions, telles que
l’importance relative des facteurs structurels et des facteurs cycliques pour la
reprise. Dans ce contexte, un problème très peu traité dans les années1990
prend une importance nouvelle, à savoir les disparités entre les hommes et les
femmes en matière de chômage, soit, plus précisément, la différence entre les
taux de chômage masculin et féminin.
Ce n’est que récemment que l’on recommence à accorder l’attention mé-
ritée à cet écart, qui n’avait plus été traité comme une question économique
et politique à part entière depuis les années1970 et le début des années 1980.
Dans des études novatrices, Marston (1976) et Clark et Summers (1979) ont
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introduit clairement ce débat en tenant compte également du rôle des facteurs
ethniques en tant que déterminants des différences structurelles de taux de chô-
mage aux Etats-Unis. Plus tard, les chercheurs se sont intéressés plutôt à d’autres
aspects des disparités entre les sexes (écart des taux d’activité et écart salarial
notamment).
Depuis la première décennie de ce nouveau millénaire, l’écart hommes-
femmes en matière de chômage retient à nouveau l’attention. Parmi les études
publiées récemment à ce sujet, on trouve des analyses comparatives interna-
tionales, comme celle d’Azmat, Guell et Manning (200 6), qui comparent les
écarts hommes-femmes en matière de chômage dans les pays de l’Organisa-
tion de coopération et de développement économiques (OCDE) en utilisant
des microdonnées issues du Panel communautaire des ménages (PCM), une
enquête de l’Union européenne, et de la Current Population Survey (CPS), en-
quête mensuelle sur la population active aux Etats-Unis. Les auteurs concluent
que, dans les pays où l’écart est relativement important, ce sont les femmes qui
sont en position défavorisée. Cela est particulièrement vrai des pays méditer-
ranéens, où le taux de chômage des jeunes est également très élevé en général.
En outre, d’après les auteurs, dans les pays où les taux d’activité des femmes
sont les plus importants et, par conséquent, où les liens des femmes avec le
marché du travail sont plus forts, comme les pays anglo-saxons, l’écart hommes-
femmes en matière de chômage est moindre. Cependant, cette étude montre
également que l’écart s’est creusé depuis quelques décennies dans nombre de
pays européens, notamment en Europe méridionale, et ce en dépit de l’aug-
mentation des taux d’activité féminine. On peut en déduire que des facteurs
institutionnels ont une incidence déterminante sur la persistance de cet écart.
Des études plus récentes présentent la réduction de l’écart entre les
hommes et les femmes en matière de chômage comme une conséquence de la
récession économique. D’après S¸ahin, Song et Hobijn (2010), par exemple, elle
découle aux Etats-Unis d’une augmentation du chômage des hommes elle-même
imputable à l’effet du ralentissement économique sur des secteurs tels que le
bâtiment ou les nances, qui employaient davantage d’hommes que de femmes.
Compte tenu de ces considérations, nous analysons l’écart entre hommes
et femmes en matière de chômage en comparant les tendances observées en
Italie et au Royaume-Uni. Ces deux pays se distinguent à la fois par le cadre
institutionnel et par les institutions et la réglementation du travail. Le marché
du travail italien est typique de l’Europe méridionale: il est composé de seg-
ments marqués par des niveaux de protection de l’emploi très différents et, de
ce fait, par des coûts du travail variables, alors que le marché du travail britan-
nique est de type anglo-saxon, c’est-à-dire caractérisé par une législation moins
protectrice de l’emploi (Theodossiou et Zangelidis, 2009). Malgré ces diffé-
rences constitutives, la mobilité de la main-d’œuvre est considérable de façon
générale sur ces deux marchés du travail. Cependant, elle n’a pas la même inci-
dence sur les travailleurs de l’un et de l’autre. Ainsi, un écart hommes-femmes
important persiste en matière de chômage en Italie. Cet écart, qui tend certes
à diminuer depuis les années1980, suppose que les femmes sont défavorisées

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