Déterminants de l'accès à l'emploi et du salaire à la première embauche chez les diplômés du supérieur en Chine

• Date: 01 March 2017
• Author: Jun KONG
• Published date: 01 March 2017
• DOI: http://doi.org/10.1111/ilrf.12047

Revue internationale du Travail, vol. 156 (2017), no 1

Droits réservés © auteur, 2017.

Compilation et traduction des articles © Organisation internationale du Travail, 2017.

* Faculté de sciences économiques et de gestion, Université du Nord-Ouest, province du

Shaanxi, courriel: 544790789@qq.com. L’auteur remercie la Fondation pour les sciences sociales

du Département de l’éducation de la province du Shaanxi de son appui nancier (no 14JK1723).

Les articles paraissant dans la Revue internationale du Travail n’engagent que leurs auteurs,

et leur publication ne signie pas que le BIT souscrit aux opinions qui y sont exprimées.

Déterminants de l’accès à l’emploi

et du salaire à la première embauche

chez les diplômés du supérieur en Chine

Jun KONG*

Résumé. L’auteur cherche à déterminer si le prestige de l’établissement de forma-

tion, le domaine d’études et le sexe inuent sur l’accès à l’emploi et sur le salaire

initial au moyen d’un modèle paramétrique de survie, associé à une procédure de

Heckman, qui sont appliqués sur un échantillon de jeunes diplômés de Beijing. Il

montre que le prestige de l’institution accélère l’insertion professionnelle (par un

effet de signal), de même que les études d’ingénieur ou de commerce, et qu’il élève

le salaire, tout comme les formations en lettres et sciences humaines ou sociales.

En outre, le sexe féminin accélère l’insertion mais diminue le salaire à l’embauche.

L

a théorie du capital humain, fondamentale en économie du travail, repose

sur l’hypothèse que l’instruction élève le salaire en augmentant la capa-

cité productive du travailleur. La théorie du signal postule au contraire que

l’instruction élève le salaire non pas parce qu’elle rend plus productif mais

parce qu’elle «certie» que le travailleur a les aptitudes nécessaires pour le

poste. Les auteurs ont cherché à vérier ces visions opposées le plus souvent

sur des échantillons de travailleurs qui présentaient des niveaux d’expérience

professionnelle et d’instruction hétérogènes. Pour éviter ce travers, nous avons

cherché de notre côté à déterminer dans quelle mesure le même type de for-

mation conduit aux mêmes perspectives d’insertion et au même niveau salarial

en nous fondant sur une enquête menée auprès d’un échantillon de jeunes di-

plômés du supérieur six mois après la n de leurs études. Dans ce cas en effet,

les différences observées ne peuvent pas provenir d’écarts de productivité, car

les individus sont encore totalement dépourvus d’expérience professionnelle.

Le premier objectif de notre étude est donc de vérier la validité de

la théorie du signal en utilisant la notoriété de l’établissement d’enseigne-

ment comme variable indicatrice de la qualité de la formation, et comme

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l’un des facteurs pouvant jouer sur l’accès à l’emploi et sur le salaire ini-

tial. Notre deuxième objectif sera de vérier la théorie de l’écart de salaire

compensatoire, qui suppose qu’un emploi plus risqué ou plus pénible doit

être compensé par un niveau salarial supérieur. Nous cherchons également

à vérier la théorie de Mincer et Polachek (1974), qui postulent que l’écart

salarial entre les sexes dépend dans une grande mesure de la discontinuité

des parcours professionnels féminins. Si cette explication est valable, l’écart

de salaire entre hommes et femmes au tout début du parcours professionnel

devrait être négligeable. En effet, comme notre échantillon est composé de

jeunes qui viennent d’obtenir leur diplôme et qui n’ont aucune expérience

professionnelle, nos résultats ne sont pas sensibles à la discontinuité suppo-

sée de l’activité des femmes.

Par ailleurs, nous nous fondons sur un modèle de survie paramétrique

pour analyser la durée de la période de chômage précédant la première em-

bauche. Au moyen d’une équation de salaire de Mincer associée à la procé-

dure de sélection de Heckman, nous déterminons quels sont les facteurs qui

inuent sur le salaire tout en vériant l’existence éventuelle d’un biais de sé-

lection. Les résultats obtenus montrent que le signal donné par une éducation

de qualité (et le domaine de spécialisation) détermine fortement la probabilité

de trouver un emploi. En outre, les femmes sont plus susceptibles de s’insérer

rapidement, mais pour un salaire initial sensiblement inférieur. Cependant, le

prestige associé à l’établissement de formation et certains domaines d’études

ont plus d’inuence sur le salaire à la première embauche que le sexe.

Nous organiserons la suite de notre article en quatre parties. La première

sera consacrée à une brève synthèse documentaire. Dans la deuxième, nous

présentons nos données et quelques statistiques récapitulatives. Notre modèle

empirique et nos estimations font l’objet de la troisième. Enn, nous formulons

quelques conclusions dans une quatrième et dernière partie.

Synthèse documentaire

Les études existantes parviennent à des conclusions contrastées sur l’effet de

la notoriété de l’établissement d’enseignement, de la discipline étudiée et du

sexe sur les perspectives professionnelles et le salaire des jeunes diplômés. Les

modèles axés sur le capital humain partent du principe que l’instruction élève

le salaire parce qu’elle rend le travailleur plus productif. Cependant, les jeunes

fraîchement diplômés ont consenti des investissements similaires dans leur ca-

pital humain et n’ont pas encore accumulé d’expérience professionnelle. Par

conséquent, la rapidité de leur insertion et leur premier salaire ne dépendent

pas de leur capacité productive. Dans un tel cas de gure, le niveau d’instruc-

tion joue uniquement un rôle de signal, donnant des informations sur les ap-

titudes que l’on peut attendre du travailleur (Wolpin, 1977; Kroch et Sjoblom,

1994; Bedard, 2001).

La réputation d’une université«cotée» suppose une qualité d’instruc-

tion élevée. Certaines études ont montré que le prestige associé à l’établisse-