Droit de la Mer - Une Approche Euro-Brésilienne

AuthorPatrick Daillier
Pages128-147
128 XII ANUÁRIO BRASILEIRO DE DIREITO INTERNACIONAL
Anuário Brasileiro de Direito Internacional, ISSN 1980-9484, vol.2, n.23, jul. de 2017.
DROIT DE LA MER : UNE APPROCHE EURO-BRÉSILIENNE
DIREITO DO MAR: UMA ABORDAGEM EURO-BRASILEIRA
Patrick Daillier1
RÉSUMÉ
Compte tenu des auditeurs de ce cours, celui-ci est conçu comme une introduction au
droit général de la mer, mais en tenant compte des intérêts spécifiques du Brésil et de l’Union
européenne en matière d’exploitation des ressources de la mer et de participation aux activités
maritimes licites. En réalité, il s’agit moins d’une relation bilatérale que d’une confrontation
d’expériences au cours surtout des 35 dernières années, depuis l’adoption de la Convention de
Montego Bay (CMB ou CNUDM) en 1982. Confronté de tout temps à de grandes puissances
maritimes européennes et américaines le Brésil s’en est longtemps tenu à une approche
défensive, « nationaliste », avant de placer ses espoirs dans l’exploitation de certaines
ressources minérales sous-marines.
Le quasi-continent brésilien ne peut se désintéresser de sa façade maritime : un littoral
de 8000 km, 2,7 millions de km2 pour la mer territoriale, un « Glacis amazonien » (plateau
continental) et la revendication d’une plate-forme sous-marine étendue.
Malgré l’importance géographique de son littoral, les contentieux maritimes
internationaux du Brésil sont relativement limités, au moins en ce qui concerne la délimitation
des espaces marins (voir la note en annexe). Par contre , son développement économique et sa
démographie rendent plus fréquents les conflits d’intérêts entre les diverses préoccupations
notamment environnementales - et les diverses activités licites proches de ses côtes.
Mots-clé : Brésil, Union européene, ressources minérales sous-marines, droit de la mer
RESUMO
Tendo em conta os auditores deste curso, pretende ser uma introdução ao direito geral do mar,
mas levando em consideração os interesses específicos do Brasil e da União Européia na
exploração dos recursos do mar e Participação em atividades marítimas lícitas. Na realidade, é
menos uma relação bilateral do que uma comparação de experiências nos últimos 35 anos,
desde a adoção da Convenção de Montego Bay (CMB ou UNCLOS) em 1982. Confrontado
com tudo O Brasil e os Estados Unidos têm defendido uma abordagem defensiva,
"nacionalista", antes de colocar suas esperanças na exploração de certos recursos minerais
submarinos.
O quase continente brasileiro não pode perder interesse em sua fachada marítima: um litoral
de 8000 km, 2,7 milhões de km2 para o mar territorial, uma "Glacis amazônica" (plataforma
continental) e uma plataforma -marine estendida.
Apesar da importância geográfica do litoral, as disputas marítimas internacionais do Brasil
são relativamente limitadas, pelo menos no que se refere à delimitação das áreas marinhas
(ver nota no apêndice). Por outro lado, o seu desenvolvimento econômico e a demografia
tornam mais frequentes os conflitos de interesse entre as diversas preocupações - notadamente
ambientais - e as diversas atividades lícitas próximas às suas costas.
Palavras-chave: Brasil, União Européia, Recursos Minerais Submarinos, Direito do Mar
1 Professeur émérite Université Paris Ouest Nanterre La Défense
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Droit De La Mer : Une Approche Euro-Brésilienne
Anuário Brasileiro de Direito Internacional, ISSN 1980-9484, vol.2, n.23, jul. de 2017.
INTRODUCTION
Les continents européen et latino-américain s’éloignent lentement, mais
irrésistiblement, l’un de l’autre sous l’effet de la « dérive des continents », le long des failles
sous-marines dans l’Océan atlantique. Mais c’est évidemment sans effets directs majeurs sur
la mise en œuvre du droit de la mer (tout au plus s’y applique le régime embryonnaire de la
Zone du fond des océans la « Zone »). Paradoxalement, malgré cet éloignement physique,
ce sont des activités relativement proches des continents qui sont la source des principales
contestations.
Quant à l’opposabilité des principes et règles du droit de la mer dans les relations
bilatérales de la France (ou de l’Union européenne) et du Brésil, elle dépend surtout de
l’acceptation parallèle des conventions internationales pertinentes et des réactions de chaque
Etat aux prétentions unilatérales du partenaire. Dans sa déclaration de 1996, à l’occasion de la
ratification française de la Convention de Montego Bay : « 2. La France refuse les
déclarations ou réserves contraires aux dispositions de la Convention. La France refuse
également les mesures unilatérales ou résultant d'un accord entre Etats, qui auraient des effets
contraires aux dispositions de la Convention. »
I. « Making of » - Quelques éléments de l’histoire de la construction du droit de
la mer
Le droit des « espaces maritimes » est le premier laboratoire du droit international
général (comme l’atteste le premier traité de droit des gens de Grotius, « Mare liberum »).
C’est un droit sur les espaces dans leur configuration physique, mais aussi sur leur gestion,
sur l’aménagement des activités - souvent contradictoires, donc qui doivent être conciliées -
qui s’y roulent. La vision « patrimoniale » doit être combinée avec une approche
« fonctionnelle », plus dynamique, plus évolutive (qui va jusqu’au principe de précaution »
contemporain : qui alimente les thèses sur le « développement durable », la protection de la
biodiversité, le « patrimoine commun de l’humanité » constitué par la « Zone »).
A. Une numérotation décalée : en 1938, la conférence de La Haye, qui n’est pas
numérotée, est considérée a posteriori comme la première conférence de codification
du droit de la mer et comme un échec Est-elle vraiment sans résultats ? On est en
réalité passé très près d’un consensus sur la largeur de la mer territoriale, principal
objet de cette initiative diplomatique. Le souvenir qu’on avait été très près d’un
consensus sur la question a facilité la relance des négociations diplomatiques d’après-
guerre.
Les utilisations dominantes restent depuis des siècles la pêche (artisanale mais parfois
aussi au long cours) et la navigation commerciale et militaire. La liberté est la règle,
sous réserve de la protection de la sécurité de l’Etat côtier. La compétition entre
Empires se joue entre flottes de guerre et points d’appui terrestres et insulaires.
B. La seconde conférence se tient à Genève en 1958 et 1960: son objectif est en grande
partie réalisé, grâce aux travaux préparatoires (plusieurs rapports de la Commission du
droit international des Nations Unies, qui préconisent certaines avancées du droit de la
mer) ; mais c’est en partie sous la pression des débuts de l’exploitation pétrolière
offshore (déclaration Truman de 1945) et des tentatives d’exploitation exclusive des
ressources halieutiques par les Etats côtiers (extension à 200 milles marins de la mer
territoriale des Etats latino-américains sur l’océan Pacifique, limitrophes du « courant
de Humboldt », intéressant pour la pêche des anchois).

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